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Ateneo Republicano du Limousin
16 mars 2010

Dans L'ECHO FORUM

Se souvenir pour approfondir le projet démocratique
Philippe Brunet, Panazol (co-fondateur de Pluralisme)

Samedi 6 mars, s’est tenu dans l’enceinte du Conseil Régional, le colloque organisé par l’Ateneo Republicano du Limousin au sujet du passage de mémoire de l’exil républicain espagnol, et les questions politiques actuelles à partir de là posées au régime démocratique en place à Madrid (carlime bon teint et franquisme non condamné) qui nous interpelle tous (…)
Environ une petite centaine de personnes, venues de la région mais aussi de toute la France et d’Espagne, ont assisté mais aussi participé très activement à ce colloque. Il a cherché à faire le lien entre, d’une part, certains acquis de la recherche universitaire historique, d’autre part, les connaissances accumulées par des associations et des militants engagés dans l’élaboration d’une mémoire collective et, enfin, les perspectives politiques concrètes (au sens large du terme) qui peuvent en découler qui, n’appartenant à personne, appartiennent, de fait, à tous. Toutes les classes d’âge étaient présentes : celles qui ont vécu l’exil comme celles qui, soit reprennent le flambeau d’un projet démocratique toujours mis à mal, soit cherchent tout simplement à connaître. Bref un vrai colloque comme on aimerait en voir plus souvent, qui n’abolit pas les frontières entre les différentes formes de savoirs constitués (science historique, savoirs d’expérience) et leurs exigences réciproques mais les fait converger intelligemment en vue d’une réélaboration collective et/ou individuelle, passionnée et passionnante. On le sait, même si la science s’en défend : toute forme de savoir, y compris le sien, dans son élaboration est passion, précisément parce que tout savoir est puissance d’action !
C’est ainsi que l’historien des camps du bocage limousin vient transmettre ce qu’il sait mais aussi apprend du romancier gallois l’impuissance de la sémantique à nommer l’ordre et à décrire l’univers concentrationnaire et exterminatoire de Mauthausen imposé en particulier aux espagnols. C’est ainsi, aussi, que l’universitaire madrilène, argumentant son engagement dans une constitution de la mémoire sociale du combat antifranquiste et antifasciste espagnol qui ne soit pas tournée exclusivement vers le passé mais qui sache regarder l’avenir dans la possible fondation d’une troisième République espagnole, nous invite à questionner de manière universelle notre rapport aux formes démocratiques actuelles pour en faire la critique et tenter de les dépasser. Faut-il aussi rappeler que le Limousin et singulièrement la Corrèze ont été terres d’accueil de l’exil républicain au sens le plus solidaire du terme comme en son sens le plus sordide avec les nombreux camps de GTE qui ont permis, paradoxalement, de nourrir les forces du maquis et de la résistance. En ces quelques mots il est impossible de restituer l’ensemble de ce colloque où se sont exprimés aussi bien la jeune doctorante restituant son travail universitaire autour de cette mémoire de l’exil, que la responsable d’association évoquant l’organisation d’un voyage de la mémoire en Espagne, que le fils du général Lister proposant une histoire de la diaspora mondiale des enfants de la République espagnole.
Cette histoire populaire à la fois locale et universelle qui a été travaillé toute cette journée du 6 mars, c’est celle aussi de l’Echo. L’un est indissolublement lié à l’autre. S’en souvenir pour approfondir le projet démocratique demeure incontournable. (…)

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