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Ateneo Republicano du Limousin
28 mars 2009

L'ECHO EVENEMENT

Logo_echoSamedi 28 mars 2009

AUJOURD'HUI, À LIMOGES, HOMMAGE AUX RÉPUBLICAINS ESPAGNOLS

 

Une simple repentance ne suffirait pas

 

Soixante-dix ans après l'entrée des nationalistes dans Madrid, signant ainsi la victoire de Franco, l'Ateneo Republicano du Limousin organise une journée autour du travail de mémoire et de l'exil.     

 

 

Quatre jours après la chute de Madrid aux mains des troupes fas­cistes, le général Franco pu­blie un communiqué de vic­toire: «La guerre est finie». Après trois ans d'un conflit fratricide qui a fait 400.000 morts et autant d'exilés, l'Es­pagne va composer avec le mensonge pour laisser la pla­ce à un Etat totalitaire. Nous sommes alors le 1eravril 1939. Soixante-dix ans après, les descendants des Républicains n'ont pas ter­miné leur combat, celui du respect de l'Histoire. Aujourd'hui, à Limoges, ils se retrouvent pour une jour-' née de réflexion intitulée  «Mémoire et exils de l'Es­pagne Républicaine». Invitée d'honneur de cette manifes­tation, Carmen Negrin, peti­te-fille de Juan Negrin; der­nier président de la. Répu­blique, parle de son grand- père avec émotion: «Il est important de nettoyer sa mé­moire. On l’a accusé de beaucoup de choses, notam­ment son rapprochement avec les communistes et le fait d'avoir transféré la moitié des réserves d'or â Mos­cou. ]'ai donc décidé de don­ner accès aux archives à diffé­rents historiens pour que l'on sache la vérité car l'histoire de mon grand-père, en tant que dirigeant responsable, c'est aussi celle de la République». L’ancienne salariée de l'Unes­co veut aussi aller plus loin dans la reconnaissance histo­rique. Elle s'engage alors dans un véritable travail de mémoire: «I.:arrivée au pou­voir de Félipe Gonzalez a conduit à tourner la page. Ça n'a satisfait personne, même si on peut comprendre qu'il était commode, quand on vi­vait en Espagne, d'oublier Franco. Vu de l'extérieur, c'est différent car c'est une guerre qui a été perdue trois fois: militairement, après .la seconde guerre mondiale, puis quand Franco a été re­connu par les Nations Unies. On ressent encore cela com­me une énorme injustice et on ne peut pas l'oublier». Ce ressentiment est exacerbé par le fait qu'Aznar s'est appuyé sur les thèses de Franco pour fédérer la droite espa­gnole. «Il a réécrit l'Histoire, ce qui était intolérable», constate Carmen Negrin. Zapatero a rétabli un climat de confiance, notamment en faisant voter la loi de la Mé­moire historique officielle­ment qualifiée de loi pour que soient reconnus et éten­dus les droits et que soient établis des moyens en faveur de ceux qui ont souffert de persécution ou de violence durant la Guerre civile et la Dictature. «Ce geste ne doit pas être un point final, pour­suit la petite-fille du président républicain. L’État doit maintenant assumer entière­ment la responsabilité des fouilles dans les fosses com­munes et des recherches de ceux qui sont morts injuste­ment et sans procès. Contrai­rement aux Allemands qui ont fait l'effort de com­prendre, les Espagnols es­sayent à peine d'en parler. Il faut aller au bout de la dé­marche et ne jamais manquer de courage face à l'Histoire». Mais ne lui demandez pas un acte de repentance du gou­vernement espagnol. Le roi Juan Carlos aurait pu le fai­re. «Je demande simplement justice», rétorque Carmen Negrin. Elle ajoute: «Une grande partie de la droite espagnole ne sait pas ce que ré­pentance veut dire et elle craint surtout de devoir payer». Absente du pouvoir poli­tique depuis mars 2004, la droite reste aux affaires au travers de ses réseaux finan­ciers, de l'Opus Dei ou d'autres sectes internatio­nales. «Seuls la justice et le droit peuvent nous permettre de demander réparation. S'il le faut, on ira devant la Cour européenne de Justice ou de­vant le Tribunal de La Haye. Cette démarche se fera alors avec beaucoup de tristesse car elle signifierait que l'Es­pagne n'est pas capable d'ac­cepter une nouvelle façon de penser et de regarder son his­toire. Ce qui signifie qu'elle serait condamnée à ne pas progresser et qu'elle s'expose au risque de répéter les mêmes erreurs», avance Carmen Negrin.

 Revenant sur une réhabilita­tion nécessaire de Juan Ne­grin, elle estime que le grand échec de son grand-père est de n'avoir pas pu convaincre les Espagnols de la nécessité à faire durer le conflit pour l'enclencher dans la seconde guerre mondiale qu'il pres­sentait. Elle ajoute: «Il avait étudié en Allemagne et il sa­vait ce qui s'y préparait. Puis il n'a pas réussi à convaincre ni les Français qui étaient sous pression avec le Front populaire, ni les Anglais qui ont ménagé Franco pour conserver Gibraltar. Son der­nier espoir, Roosevelt, est mort trop tôt». Elle conclut: «La maturité de la démocratie doit permettre de vaincre le mensonge. L’État espagnol doit montrer de l'intérêt en Supprimant par exemple les condamna­tions à mort qui ne sont tou­jours pas abolies. Le travail de mémoire doit se pour­suivre car la réconciliation est difficile dans les condi­tions actuelles. Les Républi­cains exilés ont été très pa­tients».

 

Thierry Spriet


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