Dans l'Écho de ce jour :

«La loi d’amnistie de 1977 est contraire au droit international»

Mobilisation

«Ce n’est pas seulement un problème espagnol, explique d’emblée Gérard Del Pozo, vice-président de l’Ateneo Republicano du Limousin. Car il y a ici beaucoup d’associations et de descendants de Républicains.»
Le problème en question, c’est cette volonté institutionnelle pour, de l’autre côté des Pyrénées, étouffer les crimes du franquisme. «Ce qui empêche de les reconnaî-tre, c’est la loi d'amnistie de 1977. Les dispositions de cette loi sont contraires au droit international. L’affaire est aujourd’hui verrouillée car les autorités expliquent que pour la supprimer il faudrait une révision constitutionnelle.»
«Vérité justice et réparation»
Pour l’Ateneo Republicano du Limousin, le combat reste donc entier. «Vérité, justice, réparation», c’est le titre de cette pétition que l’association viendra faire signer à la population samedi prochain sur le parvis à la bibliothèque francophone multimédia de Limoges, dans le cadre d’une journée d’action.  «On estime qu’entre 130.000 et 150.000 républicains espagnols ont été assassinés. Des dizaines de milliers d’autres ont connu les camps de concentration, la prison où ils ont été torturés, humiliés.» Au moment où le roi Felipe VI vient de frapper une monnaie pour célébrer «70 ans de paix», l’association limousine interroge. «De quelle paix s’agit-il ? De celle des cimetières. Quarante ans après la mort de Franco, les crimes du franquisme restent impunis.»
Malgré la pression de la société espagnole, du travail de chercheurs, d’archéologues, d’historiens, la chape de plomb est toujours là. «En 2008, le courageux juge Baltazar Garzon a bien tenté d’ouvrir une procédure visant à faire reconnaître les crimes du franquisme comme des crimes contre l’humanité, explique Gérard Del Pozo. La procédure a été abandonnée, le juge démis et interdit de l’exercice de la magistrature pendant 11 ans.»
Avec l’impunité qui se poursuit, avec les nostalgiques du caudillo qui relèvent la tête, l’Ateneo Republicano – association mémorielle qui œuvre notamment à révéler et honorer les lieux de mémoire ou combler les lacunes et honorer les lieux de mémoire, soutenue entre autres par Mémoire de l’Espagne républicaine, No Pasaran et mémoire à vif – tient à réaffirmer que, elle, n’oubliera pas et se battra pour la justice.

J.D.