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Ateneo Republicano du Limousin
6 octobre 2014

Dans l'Écho de ce jour :

oradour-2014

L'inauguration de la stèle en l'honneur des Républicains espagnols, internés dans le 643e GTE, a été chargée d'émotion pour tous les participants.

Le drapeau Républicain espagnol aux couleurs rouge, jaune et violet, était déployé par de nombreux membres et amis de l'association «Aténéo Républicano» du Limousin, présents très nombreux à cette inauguration. Un temps fort auquel ont participé de nombreuses personnalités que nous ne pouvons toutes citer ici : membres de l'association des familles des martyrs d'Oradour-sur-Glane, de l'ANACR...

Dans son allocution, M. Pilippe Lacroix, maire d'Oradour-sur-Glane, soulignait l'importance que représente cette stèle, «qui doit rester un témoignage de respect et un hommage à destination des jeunes générations», mais également pour tous ceux qui ne connaissent pas cette période sombre de notre histoire (voir ci-dessous). Il rappelait les faits, en soulignant qu'avec le décret du 13 janvier 1940, créant les CTE (Compagnie de Travailleurs Etrangers), puis le 27 septembre de la même année, leur transformation en GTE (Groupement de Travailleurs Etrangers), «Le gouvernement de Vichy visait tout à la fois un contrôle rigoureux de cette population "suspecte", et l'utilisation d'une  main d'oeuvre bon marché et corvéable à merci...». Et de poursuivre, «A Oradour-sur-Glane, le 643e GTE était installé dans ce qui est aujourd'hui, l'allée des Landes, (où est placée la stèle). Ici, les Espagnols étaient employés aux tâches les plus dures, placés sous commandement, ils vivaient dans des cabanes construites par eux-mêmes». Un GTE qui a été déplacé vers Aixe-sur-Vienne en 1942.

La nécessité de maintenir la mémoire

Avant de laisser la parole à Mme Amada Rousseaud-Pedrola, le premier magistrat a rappelé que parmi les victimes innocentes de la barbarie nazie le 10 juin 1944, se trouvaient les familles Espinosa, Gilezpinoza, Gilégéa, Larente, Serrano et Telles.

Au nom de l'association «Aténéo Républicano» du Limousin, Mme Amada Rousseau-Pédrola après avoir remercié toute les personnes présentes, a tenu à souligner que la mise en place  de cette stèle est l'aboutissement de plusieurs années de travail. Ce, grâce à l'aide d'une équipe de travail à laquelle ont participé la municipalité d'Oradour, conduite par Raymond Frugier, les membres de l'association. Elle rappelait que l'association «Aténéo Républicano» est une association mémorielle et culturelle, qui s'est donnée pour tâche de conserver la mémoire des Républicains espagnols, qui ont combattu le fascisme dans leur pays et qui ont été obligés de fuir.

«En ces temps où le fascisme a une inquiétante tendance à se relever, nous devons lutter pour ce que nos parents et certains d'entre-nous ont vécu ne se renouvelle pas», a-t-elle tenu à souligner, avant de laisser la parole à Gérard del Pozo, dont le père a transité parmi tant d'autres, dans le 643e GPE.

Une prise de parole émouvante au cours de laquelle il donnait beaucoup de précisions sur la structure du 643eGPE installé au lieudit «La Fauvette». Cette dernière comptant un effectif de 220 hommes réfugiés espagnols, qui ont été répartis en 5 sections. Gérard del Pozo donnait également des informations précises et détaillées sur les tâches qui incombaient à ces hommes, dans les différentes sections, à Oradour-sur-Glane et les communes avoisinantes. Des chiffres malheureusement un peu longs à développer dans nos colonnes. Une intervention qui lui a permis de rendre hommage à Raimundo Tejedor, Francisco Valero, Jusep Buso et Braulio del Pozo. Une inauguration pleine d'émotion.


D’où venaient-ils, qui étaient-ils ?

En 1939, alors que la Seconde Guerre Mondiale débutait, le gouvernement républicain espagnol, issu démocratiquement des urnes trois ans plutôt, s’écroulait victime d’un coup d’Etat fasciste conduit par Franco, leader de la droite et de l’extrême-droite ibériques, aidé par les forces directes de l’Allemagne nazie d’Hitler et de l’Italie de Mussolini.

Malgré le soutien des Brigades Internationales venues de 50 pays du monde, l’horreur atroce de la dictature s’installait avec exécutions sommaires, tortures, massacres, s’ajoutant aux 600.000 morts de la guerre civile. Et tout ça, sous le regard impavide de la France (notamment) qui, sous-prétexte de non-intervention, préférait «Hitler au Front Populaire», selon une expression restée célèbre.

Comble de l’ironie morbide : à la foire internationale de Paris en 1937, on expose la fresque de Pablo Picasso, dédiée au massacre de Guernica, ville du pays basque espagnol, bombardée par l’aviation nazie quelques mois plus tôt !

C’est par centaine de milliers que les Républicains espagnols durent fuir la dictature franquiste. Beaucoup d’entre eux gagnèrent la France où ils connurent surtout les camps de la misère, avant d’être éparpillés sur notre territoire sous la surveillance active du régime de Pétain, acquis à la cause nazie.

Beaucoup de ces Républicains espagnols prirent une large part dans la Résistance française, tel «Ramon», chef de premier plan dans le maquis FTPF de Saint-Junien-Pressac.

Certains d’entre eux furent incorporés de force dans les GTE, un peu partout en France, comme ce fut notamment le cas au début de l’année 1941 pour le 643e GTE, installé au lieu dit «La Fauvette» à Oradour-sur-Glane. La stèle inaugurée samedi matin, le devoir de mémoire mené par l’association «Aténéo Republicano» du Limousin, participent à ce que cette page sombre (trop méconnue) de notre histoire ne disparaîsse pas.

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