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Mont-Gargan : carrefour des Résistances

Le contraste entre la sérénité et la beauté du lieu est saisissante lorsque l’on sait la rage des combats du Mont-Gargan, il y a tout juste soixante-dix ans. Combats commémorés hier matin, lors d’une cérémonie du souvenir.

On ne vient pas commémorer le souvenir des Résistants tombés au Mont-Gargan par hasard, on choisit d’y venir. Et hier matin, ils étaient très nombreux à l’avoir choisi. Anonymes venus en familles avec leurs enfants, militants associatifs, Résistants et élus du Peuple. Chacun sait ce qu’il doit au courage de personnes qui ont fait le choix de risquer leur vie pour préserver la liberté de tous. Ce rassemblement populaire et intergénérationnel donne à cette commémoration une charge émotive forte. «On a l’impression de toucher l’Histoire du doigt», estime Marie-Jeanne Tricard, une habitante de Limoges. D’autant que les dépôts de gerbes des familles et des associations, dont évidemment l’ANACR, mais aussi l'Ateneo (celle des familles de républicains espagnols) et les discours d’hommages éveillent les consciences.

Celui de d’Anne-Marie Montaudon, secrétaire des Amis de l'ANACR a rappelé que lors de ces combats acharnés du 17 juillet jusqu’au 24 juillet 1944, 38 Résistants ont trouvé la mort  : «Inclinons nous devant leur sacrifice et témoignons notre reconnaissance et notre admiration à tous les Résistants». Elle a ajouté, «70 ans après, nous continuons et nous continuerons d'honorer et de transmettre aux jeunes générations (...) la transmission de la mémoire, fondée sur les connaissances historiques, permet de faire connaître au plus grand nombre la réalité de ce que fut la Résistance, la réalité de ce que fut la lutte contre le fascisme, la réalité du fascisme. Dans un contexte de méconnaissance et de désintérêt de l'histoire, on assiste à un regain des idéologies que l’on croyait vaincues en 1945».

Des mots qui, en ce lieu, ont eu une résonance particulière. Anne-Marie Montaudon rappelle que les dernières élections européennes ont montré, «la dangereuse place du parti d'extrême droite qu’est le Front National. De surcroît, les idées racistes, autoritaires, antidémocratiques diffusent de manière inquiétante, parfois au-delà de l’extrême droite».

C’est surtout pourquoi, pour l’ANACR, il est nécessaire de faire connaître ce contre quoi se sont battus les Résistants.

Michèle Guingouin, fille de Georges, a évoqué le parcours de celui qui deviendra l’incarnation même des maquis et l’une des figures majeures de la Résistance.

Elle a rappelé que son père en 1934 déjà, a été le seul normalien de Limoges à participer à une manifestation antifasciste. Avec beaucoup de précisions, elle a évoqué les événements qui ont conduit aux combats du Mont-Gargan : «Depuis quelque temps on parle, on écrit, on filme beaucoup sur cette période de notre Histoire, on pourrait s’en réjouir mais, même pour de la vulgarisation, un minimum de rigueur et d’impartialité s’impose : vérifier ses sources, s’en tenir aux faits historiques et les respecter».

Si elle précise tout cela c’est qu’une revue spécialisée a publié, sous contrôle d’un historien, une carte de France sur les principaux maquis et lieux de combats, omettant le maquis limousin et le Mont-Gargan ! «Déformer les faits, c’est déformer les caractères, les personnalités, donc les idées (...) Etre attentif au passé nous éclaire sur ce qui se passe aujourd’hui». Michèle Guingouin cite Aube Dorée, en Grèce, à titre d’exemple.

Le préfet a rendu,   hommage aux Résistants, comme il se doit : «ils avaient 20 ans et ils sont morts, alors qu’ils n’avaient pas d’autre aspiration que de vivre».

Il explique que ces jeunes trouvaient insupportable de vivre sous le régime nazi. Pour lui la Résistance est la quintessence du vivre ensemble et de la solidarité. Une solidarité qu’il juge nécessaire aujourd’hui et qu’il a transposé à la situation économique actuelle. «Ce sursaut civique est nécessaire au redressement économique de notre pays».

A chacun son combat...